Παρασκευή 10 Ιανουαρίου 2014

Blaise Cedrars Brasil

En 1924, Blaise Cendrars s’embarque sur le Formose pour le Brésil à l’invitation de son ami écrivain Paulo Prado. De son arrivée sur les côtes, à l’âge de trente-sept, le poète n’oubliera rien. Ni les exclamations excessivement admiratives et bruyantes des autres passagers, ni les crépitements des dizaines de flashs, ni les propos idiots et attendus de ses comparses ("c’est un paradis terrestre!"), ni, est-il forcé de l’admettre, sa propre fascination… En 1952, il publie Le Brésil, des hommes sont venus, un recueil d’une centaine de pages comprenant deux courts chapitres à la confluence du récit de voyage, de l’essai et du poème en prose ainsi qu’une série de photographies de Jean Manzon qu’il commente de sa plume. Blaise Cendrars s’élance dans une promenade sinueuse où s’entrelassent contradictions et digressions dans l’espoir de saisir l’essence d’un pays complexe et mythifié depuis des siècles. Cet ouvrage, dont le désordre est précisément l’une des saveurs, aborde ainsi une pluralité de thèmes parmi lesquelles le carnaval de Rio, les danses et les chants indigènes, l’histoire des migrations, l’anthropophagie, la musique, l’eugénisme, l’Amazonie… Blaise Cendrars s’intéresse tout particulièrement aux premiers siècles de la colonisation. Il consacre plusieurs pages à la vie de Caramuru, un homme blanc qui était inexplicablement  présent sur les terres brésiliennes, à Reconcavo, à l’arrivée de la première flotte portugaise en 1501. Blaise Cendrars mène son enquête. Avec humour, le poète explique qu’au fil du temps il avait fini par devenir l’un de ses ennemis personnels car chacune des recherches qu’il menait à son sujet conduisait invariablement à des données contradictoires et impossibles à interpréter. Il parviendra tout de même à recueillir quelques informations éparses : Caramuru, dont on ignore le nom chrétien, signifie "tombé dans le trou " en tupi. Il serait sorti de la jungle pour venir à la rencontre des colons avec à sa suite soixante-quinze filles et soixante-quinze garçons, ses propres enfants issus d’unions avec des indiennes. Les Portugais, stupéfaits, l’ont interrogé durant des heures mais n’ont jamais obtenu la moindre réponse. On ne sut jamais quelle était sa nationalité ni la raison pour laquelle il se trouvait là. Beaucoup supposent qu’il s’agissait d’un naufragé. Pour Blaise Cendrars, Caramuru incarne le fait que les mythes sont constitutifs de l’identité du pays,  légende et réalité ne cessant jamais véritablement de s’imbriquer. 
Les photographies de Jean Manzon illustrent la diversité ethnique, culturelle et territoriale du Brésil. On peut ainsi découvrir pêle-mêle des clichés de la plage, d’un stade de foot ( Blaise Cendrars insiste beaucoup sur la ferveur footballistique nationale), du carnaval de Rio, d’indiens travaillant dans des plantations de caoutchouc, de troupeaux de bœufs, de chercheurs de diamants… Blaise Cendrars commente les photographies au gré de ses inspirations. Il revient une fois de plus sur cette idée reçue selon laquelle le Brésil est un "paradis terrestre", notamment à partir d’une série de cliché sur l’Amazonie. Pour le poète,  "L’enfer vert" serait un terme plus approprié. Toute entreprise humaine y est vouée à l’échec comme l’illustre l’éboulement des digues ou le craquement des trottoirs en mosaïque à Manaus. La jungle y apparaît comme étant bien plus puissante que l’hybris de l’homme à vouloir la dompter. Le poète évoque également le commerce du caoutchouc, mis à mal à partir de 1920 par la concurrence des plantations asiatiques, et les conditions épouvantables dans lesquelles vivaient les seringueiros (les chercheurs de caoutchouc). L’enfer vert l’est également en raison de la "solitude inhumaine" qu’elle induit. Le poète cherche l’homme, ne l’y trouve pas et s’en effraie à plusieurs reprises : "C’est trop grandiose. On cherche l’homme. Il n’y en a pas et cela fiche le cafard". Le sombre tableau de Blaise Cendrars est parfois parsemé de touches plus claires et plus lumineuses qui rappellent sa passion et sa fascination pour le pays. Il évoque ainsi les lumières de Rio de Janeiro (qu’il compare à Sydney et Paris) et ses "perles lumineuses" qui serpentent à travers la ville dès la nuit tombée. Il parle également de la richesse de l’histoire brésilienne, de son architecture, des métissages, de la flore extraordinaire, de la ferveur ambiante (religieuse, footballistique, artistique), des métissages, de la sensualité et de la déshinibition des femmes, des teintes de couleurs qui lui étaient inconnues et qu’il découvre avec ravissement.Le Brésil. Des hommes sont venus ne s’espère ni rigoureux, ni scientifique, ni distancié et ne l’est guère mais il déborde de curiosité, de mystère, de contradictions, d’enthousiasme, et de poésie…
Après avoir été longtemps introuvable, il est disponible depuis 2010 dans la collection Folio de Gallimard accompagné des photographies de Jean Manzon commentées par Blaise Cendrars.


"Sur les 8 500 000 kilomètres carrés que comporte la superficie du Brésil, 4 500 000 kilomètres carrés, soit plus de la moitié du territoire national, composent, à proprement parler, le bassin amazonien, qui n’est qu’une immense forêt impénétrable. À peine deux millions d’habitants, c’est-à-dire moins d’un vingtième de la population totale du Brésil, vivent dispersés dans ces solitudes aquatiques et sylvestres de la grande forêt équatoriale, où l’impétuosité des eaux détruit tout sur son passage en temps de crue et où la débordante Amazone, aux sources inépuisables, lutte avec la puissance envahissante et sans cesse renaissante de la végétation qui prend racine sur ses racines en forme de digue, qu’elle veut fixer et que lui ronge et dont il détache des pans, grands de plusieurs hectares, qu’il charrie lentement vers la mer, îles flottantes, avec des milliers, avec des dizaines de milliers d’arbres qui se tiennent debout, et qui ne s’affaissent, et qui ne s’écroulent et qui ne se versent, les racines en l’air, que dans la houle de l’Océan, souvent fort loin au large.L’Amazonie est réellement la dernière page de la Genèse qu’il reste à écrire », a dit Euclide da  Cunha, le génial écrivain de la sertao et le plus grand connaisseur de sa terre et de ses gens, le Brésil, son unique passion. Regardez  bien cette photographie du Labyrinthe. En effet, c’est un monde en formation que l’on découvre du haut des airs. Où s’arrête l’eau, où finit la forêt (dont vous avez une vue plus rapprochée donc plus intense) et que prépare ce ciel à l’horizon, chargé de nuées de chaleur ? Seul l’emploi de l’avion a permis de capter pour le climat de cette vue pathétique ». 

1 σχόλιο:



  1. http://pt.wikipedia.org/wiki/Paulo_Prado
    http://www.girafamania.com.br/montagem/grupo-modernista1922.jpg
    [ Grupo-Modernista de1922 – Os principais articuladores da Semana de Arte Moderna e seu grupo, entre eles os escritores Oswald de Andrade, Rubens Borba de Moraes, Cândido Motta Filho, Mário de Andrade, Manuel Bandeira, Graça Aranha e Paulo Prado. ]


    http://i22.servimg.com/u/f22/13/02/93/61/bresil10.jpg
    [ Blaise Cendrars / Le Brésil / des hommes sont venus / 1952 ]



    You make me laugh, with your metaphysical anguish, its just that you're scared silly, frightened of life, of men of action, of action itself, of lack of order. But everything is disorder, dear boy. Vegetable, mineral and animal, all
    disorder, and so is the multitude of human races, the life of man, thought,
    history, wars, inventions, business and the arts, and all theories, passions
    and systems. Its always been that way. Why are you trying to make something out
    of it? And what will you make? what are you looking for? There is no Truth.
    There's only action, action obeying a million different impulses, ephemeral
    action, action subjected to every possible and imaginable contingency and
    contradiction, Life. Life is crime, theft, jealousy, hunger, lies, disgust,
    stupidity, sickness, volcanic eruptions, earthquakes, piles of corpses. what can you do about it, my poor friend?


    Blaise Cendrars / Moravagine / 1926


    [ His writing career was interrupted by World War I. When it began, he and the Italian writer Ricciotto Canudo appealed to other foreign artists to join the French army. He joined the French Foreign Legion. He was sent to the front line in the Somme where from mid-December 1914 until February 1915, he was in the line at Frise (La Grenouillère and Bois de la Vache). He described this war experience in the books La Main coupée (The severed hand) and J'ai tué (I have killed). It was during the attacks in Champagne in September 1915 that Cendrars lost his right arm and was discharged from the army. ]


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    http://en.wikipedia.org/wiki/Caramuru

    http://en.wikipedia.org/wiki/Caramuru_(epic_poem)

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